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Son départ du football de très haut niveau, Andrés Iniesta l’avait annoncé le 27 avril 2018, devant une salle pleine à craquer de journalistes et de coéquipiers émus aux larmes. « Don Andrés » s’apprêtait à quitter le FC Barcelone, son club de toujours, même s’il ne raccrochait pas encore réellement les crampons. Six ans durant, l’Espagnol a continué de pratiquer, plus modestement, au Japon (2018-2023), puis aux Emirats arabes unis (2023-2024). Puis, lundi 7 octobre, il a mis un point final à sa carrière de joueur.
“Ce sont des larmes d’émotion, de fierté. Ce ne sont pas des larmes de tristesse, ce sont les larmes de cet enfant de Fuentealbilla qui rêvait d’être footballeur et qui y est parvenu grâce à son travail, ses sacrifices et ses nombreux efforts. Je suis fier.” 🗣️ Andrés Iniesta pic.twitter.com/RYl4hgrjkh
Iniesta n’avait plus de club depuis qu’il a quitté le Golfe, en juillet. A 40 ans, après des années à faire profiter les amoureux du ballon rond de sa vision du jeu unique, de ses passes délicieuses, de son aisance à s’extirper des pressings adverses, le milieu de terrain tire sa révérence. Le jeu continue, s’intitule pourtant le titre de la vidéo dans laquelle l’ex-Blaugrana annonce sa retraite sportive.
De fait, sa « patte » vivra longtemps, gravée dans la rétine de tous les observateurs du football, dans le cœur aussi des supporteurs barcelonais. En Catalogne, Iniesta a tout vécu et tout gagné. « Mon style de jeu a été bâti et a grandi au même moment que celui du FC Barcelone. C’est celui qui me plaît le plus. On cherche à jouer avec le ballon, à multiplier les passes, à combiner et à associer tous les coéquipiers. J’espère pouvoir continuer à bien transmettre ce style de jeu », racontait-il au Monde, en octobre 2012.
Arrivé en 1996, à l’âge de 12 ans, à la Masia – le centre de formation du Barça –, Iniesta fait ses classes et rentre dans le moule blaugrana, qui met le jeu au centre des préoccupations, davantage que le physique qui n’a jamais été son fort (1,71 m). Il n’en conserve pas moins sa propre touche, à l’instinct, qui lui permet de se démarquer et de découvrir le monde professionnel le 21 décembre 2002, à 18 ans, sous les ordres du Néerlandais Louis van Gaal.
Après un premier titre en Ligue des champions acquis avec Frank Rijkaard en 2006, Iniesta s’épanouit tout particulièrement dans l’équipe de Pep Guardiola (2008-2012), et forme un trio inoubliable et sublime de maîtrise au milieu de terrain, avec Sergio Busquets et Xavi. Le Barça d’alors est inarrêtable et remporte treize titres, soulevant encore à deux reprises la « coupe aux grandes oreilles ». Don Andrés est au cœur de cette insolente réussite.
Le milieu espagnol ajoutera bien d’autres trophées à son palmarès avec le Barça, dont une quatrième et dernière Ligue des champions, en 2015, remportée avec Luis Enrique comme entraîneur. « Iniesta, ce n’est pas seulement le patrimoine du FC Barcelone, de tous les “culés” [les supporteurs du Barça], c’est le patrimoine de l’humanité. Nous avons la chance d’avoir un joueur unique, qui a des yeux derrière la tête, toujours au service de l’équipe », s’extasiait l’actuel technicien du Paris Saint-Germain, en 2016.
En sélection, Iniesta fait ses débuts sur le tard, pour les standards du joueur qu’il fut, à 22 ans en 2006. Là aussi, il est un des éléments-clés de la dynastie de la Roja, qui écrase tout sur son passage entre 2008 et 2012, en remportant deux Euros et une Coupe du monde. Lors de la finale du Mondial face aux Pays-Bas, le 11 juillet 2010, à Johannesburg (Afrique du Sud), où les deux équipes s’échangent plus de tacles que de passes, c’est lui qui remet le jeu au centre des débats, d’une demi-volée qui délivre la sélection espagnole en prolongation.
« Une très bonne fin pour ce qui a été la pire saison de ma carrière. J’avais vécu une sale année », expliquera Iniesta à L’Equipe, quelques mois plus tard. Blessé physiquement, le joueur était également tombé en dépression quelque temps après la mort de son grand ami Dani Jarque, joueur de l’Espanyol Barcelone, des suites d’un arrêt cardiaque, à l’été 2009.
Dans le top 4 du Ballon d’or chaque année, entre 2009 et 2012, Iniesta est passé tout proche de l’emporter en 2010. Mais les voix pour désigner un Espagnol s’étaient dispersées entre lui et Xavi, et son coéquipier au Barça, faisant les affaires de l’Argentin Lionel Messi. « Si Iniesta s’était appelé Andrezinho, il aurait eu deux Ballons d’or », assurait Sergio Ramos, qui fut son grand rival au Real Madrid et son partenaire en sélection.
Le collectif passait avant tout pour Iniesta et, sans rancune, cela ne l’avait pas empêché de continuer à distribuer les caviars pour « la Pulga ». « L’un des coéquipiers les plus magiques et l’un de ceux avec qui j’ai le plus aimé jouer. Tu vas manquer au football et à nous tous aussi. Je te souhaite le meilleur, tu es un phénomène », a écrit Lionel Messi, en apprenant l’arrêt de la carrière de son ancien coéquipier. Un hommage, venant de l’octuple Ballon d’or, à la hauteur de la carrière du joueur.
Denis Ménétrier
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